Jean-Marc Nicolas
Paysage emprunté
En résidence du 17 mai au 10 juillet 2011
Exposition du 8 juillet au 28 août 2011
Vernissage le vendredi 8 juillet 2011 à 18h30
Rencontre avec l'artiste le samedi 9 juillet 2011 à 15h30
Texte
Le travail de Jean-Marc Nicolas est celui d’un observateur. Un homme qui compile dans sa mémoire un nombre conséquent d’images, d’aperçus sur le monde ; un collectionneur de photographies -
matérielles ou virtuelles - qu’il classe et organise minutieusement dans ses souvenirs pour les extraire le moment voulu et les associer à ses projets artistiques. Souvent insolites, parfois
improbables, ces enregistrements récoltés au gré de ses voyages, de ses lectures ou de ses visites d’expositions, affichent d’emblée un rapport visuel choc. Ainsi naissent ses œuvres, du dialogue
qui s’instaure subrepticement entre un lieu, un contexte singulier et quelques images-souvenirs dont la résurgence favorise par ricochet l’échafaudage des projets.
A l’aparté, c’est au site naturel que l’artiste porte son attention et également à l’empreinte immuable inscrite par l’activité humaine. Cet écrin de verdure en bordure de lac aura
particulièrement suscité son intérêt par sa dimension minérale omniprésente. La roche affleure du sol en de multiples endroits et tout spécialement à proximité de la galerie.
Les sculptures présentées en extérieur à l’aparté suggèrent tout à la fois un abri précaire, une forme de cocon animal ou encore une roche d’un genre particulier. Elles s’inscrivent en doux
relief dans l’environnement et tentent d’établir le lien avec le milieu naturel alentour.
Composées, comme l’artiste en a l’habitude dans ses œuvres, de matériaux sommaires (tige de fer à béton, feutre, film plastique et cordelette), elles suscitent un regard interrogateur et, à bien
y observer, on les croirait presque en vie tant la condensation qu’on y décèle leur donne l’illusion de vraisemblance.
Ces volumes à l’aspect scintillant semblent délicatement « capturés » dans la composition paysagère, discrètement intégrés, évoquant ainsi la technique ancestrale des « paysages
empruntés » (shakkei) que les jardiniers japonais exploitent dans leur vaste tentative d’idéalisation de la nature. Les formes ostensiblement rapportées occupent une place qui leur semble
tout à fait réservées.
A l’image d’un jardin zen savamment construit, l’espace extérieur composé par Jean-Marc Nicolas comporte symboliquement cinq éléments « minéraux ». Organisé à proximité d’un lac, comme
c’est aussi le cas dans la tradition nippone, ce jardin de promenade est aussi un jardin de sérénité où le calme rend propice la contemplation. Dimension certes paradoxale quand on connait la
fréquentation de ce site touristique pendant la saison estivale que dure l’exposition.
Mais c’est justement ce décalage de perception de l’environnement que cherche à souligner l’artiste. A l’intérieur des espaces d’exposition, c’est cette même dimension de quiétude qui préside. La
nature, « dénaturée » par la frénésie du contexte touristique, retrouve un peu de son calme dans les traductions qu’en donne l’artiste.
La composition est tout aussi minutieusement travaillée à l’intérieur de la galerie où les plaques de tôle ondulée disposées au sol provoquent d’emblée l’instabilité du visiteur, et rendent
nécessaire une découverte lente et prudente de l’espace apparemment vide. Les lignes parallèles dessinées par le matériau sont redoublées sur les parois du bâtiment par le découpage panoramique
du paysage extérieur opéré à travers le bardage bois à claire-voie. Le paysage se révèle par découpes, par lignes, par strates.
Si les œuvres de Jean-Marc Nicolas invitent volontiers à la déambulation, au parcours, à la marche, c’est qu’elles suivent elles-mêmes un circuit progressif tout au long de leur
conception.
Morgane Estève, extraits de la préface du catalogue « Paysages empruntés » édités dans le cadre des expositions d'été de l'aparté et du Village de Bazouges la
Pérouse